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Armand BARNIAUDY, Figure Haut Alpine du XXème siècle
(Contribution de Robert MOTTE, président du GAMHA, membre de la société d'études des Hautes-Alpes)
Ce texte est paru dans la dernière édition de la société d'études des Hautes-Alpes, en 2012

PRÉAMBULE
Lorsque vous alliez, ces derniers temps, rendre visite à Armand BARNIAUDY dans sa demeure de Pont Lagrand, il y avait toujours un moment fort qui se situait, lorsque dans la conversation, vous étiez entrepris sur le magnifique noyer qui se trouve devant la maison. Armand vous disait : «Il est très beau, n'est ce pas ? » Puis il ajoutait au bout d'un moment «- Il a exactement mon âge, avec un sous entendu « Moi aussi je suis toujours debout ! ».
Pour tous ceux qui l'ont côtoyé avant cette date du 9 juillet, jour de son décès, cette image est particulièrement vraie. Armand nous a quittés, debout en parfaite harmonie avec son image d'homme fort au service de ses convictions et de son pays. Il apparaîtra aux générations futures de Hauts Alpins comme l'une des personnalités marquantes du XXème siècle dans le département, comme l'un de leurs repères pour la vie des territoires, de la politique locale, de la culture.


UN PATRIOTE
Pendant les vingt cinq premières années de sa vie, que traverse la 2ème guerre mondiale, c'est dans l'action qu'il construit sa riche personnalité et en pose les fondamentaux : le goût d'apprendre, le sens social des valeurs chrétiennes, l'engagement physique dans la guerre.
Armand effectue toute sa scolarité de base dans l'école primaire d'Eyguians. Et comme l'atteste le diplôme affiché dans son bureau, il termine son cycle d'études en étant reçu 1er dans les épreuves annuelles du C.E.P. du canton d'Orpierre. Après les cours complémentaires de Laragne et de Serres, il obtient son Brevet élémentaire et poursuit des études par correspondance, le lycée de Gap n'ayant pas d'internat. Mais la fin de la guerre approche.
Engagé très tôt dans la Résistance à l'occupant, il a tout juste dix huit ans, lorsqu'il rejoint le maquis du Haut Buech au sein des Forces Françaises de l'Intérieur. Il participe aux combats de la libération dans le Bochaine et à Pont Ladame sur la RN 75. Il est présent dans les actions conduisant à la libération de Briançon. Tout naturellement, il s'engage en début d'année 1945, pour la durée de la guerre dans la 1ère Armée du Général de Lattre, dans laquelle il effectuera les campagnes d'Alsace et d'Allemagne.
A l'issue de la guerre, il choisit d'être agriculteur dans l'exploitation familiale et de porter dans le monde agricole haut alpin les idéaux de générosité et de solidarité nés dans la Résistance. En 1946, il fonde le centre départemental des jeunes agriculteurs dont il sera Président pendant 4 ans.
Professionnellement, il crée son propre élevage. Pendant cette période, il veut affiner son engagement chrétien en étant chef de troupe « éclaireurs de France » à Laragne. Et c'est en 1950 qu'il épouse Hélène, ancienne résistante comme lui, et qu'ensemble ils feront vivre une famille de six enfants. C'est alors que la personnalité étant construite, la situation sociale établie, l'Homme public entre sur la scène des Hautes Alpes.

UN GRAND ELU HAUT ALPIN
Pendant cinquante ans, il va être un des acteurs publics majeur du département : il sera pendant cette période Maire, Conseiller général, député à l'Assemblée Nationale.
Dans sa vie d'élu, c'est bien sur la charge de Maire de Lagrand qui retient l'attention en premier lieu. En six mandats, il fait passer la commune du XVIII au XXème siècle ; une brillante paroisse au Moyen Age, grâce à son Prieuré qui s'était endormie à la Révolution. Il va la réveiller, alors qu'il a vingt sept ans. Voici comment, Marc MICHEL son successeur présente l'action d'Armand :
«-Son action municipale fut considérable. Il s'attaque rapidement à de gros chantiers comme l'eau courante dans les maisons, le tout à l'égout, le ramassage des ordures ménagères, le goudronnage des chemins des fermes. Par ailleurs, afin que les habitants aient envie de rester ou de revenir au pays, il fait réhabiliter une partie du village en achetant et en restaurant des bâtiments et notamment le « château » qui deviendra la mairie. Au Pont Lagrand, plusieurs lotissements sont créés avec en germe la création du V.V.F. qui atteindra 40 logements».
Parmi les autres réalisations, il faut noter le remembrement des terres, la création des classes d'école et la maison pour tous. De telles activités ne peuvent, bien sur, s'épanouir qu'avec une influence au-delà de la commune par le moyen d'un mandat de Conseiller général d'Orpierre et plus encore de Député.
Pour définir cette entrée dans la politique nationale, c'est le Sénateur Pierre Bernard-Reymond qui le fait de façon percutante :
«- Animé d'une profonde foi chrétienne, très désireux de se mettre au service des autres, il se retrouvera tout naturellement très jeune dans des organisations inspirées à la fois de l'enseignement de l'Eglise et des idées qui avaient germées pendant la Résistance, au moment où la libération n'avait pas rendu la seule liberté des hommes et du territoire national, mais aussi celle de l'esprit à la recherche d'une société inventive et solidaire ».
A l'origine, il pensait surtout exprimer cet engagement à travers sa profession d'agriculteur, mais plusieurs de ses amis ont pensé qu'il devait élargir son horizon et franchir le seuil de la politique.
Ce n'est pas Armand BARNIAUDY qui a cherché la politique, c'est la politique qui est venue à lui sous la forme d'une sollicitation pour occuper le poste de Député suppléant d'un ancien Ministre, Robert Lecourt qui allait le devenir bientôt, lui assurant les portes du Palais Bourbon, avant qu'il ne soit élu quelques années plus tard sous son propre nom. ! »
Il fut un député de terrain et un parlementaire engagé. Il avait, en particulier, compris très tôt, lui l'agriculteur, qu'il fallait adjoindre un deuxième moteur à nos territoires : celui du tourisme. !
C'est la mise en ouvre de ces deux moteurs qui a motivé ses engagements tous azimuts dans la vie culturelle et l'aménagement du territoire.

UN PASSIONNE DE PATRIMOINE
Dans ce vaste domaine où les initiatives furent nombreuses, je citerai trois responsabilités particulières fort caractéristiques : la présidence de la commission interdépartementale pour l'intercommunalité, la fondation d'associations de sauvegarde du patrimoine et la fondation du groupe des anciens Maires.
En ce qui concerne la première responsabilité, il faut admettre que grâce à son autorité morale, à son sens du dialogue,à sa connaissance des problèmes hauts alpins que la première carte des vingt deux communautés de communes a pu être établie. Ce travail a guidé les activités intercommunales dans le département pendant vingt ans. Sur le plan culturel, une de ses principales créations s'est appliquée au patrimoine du Pays du Buech. A ce sujet, Madame Arlette PLAYOUST écrit :
«- Mettant en commun nos préoccupations, nous avons pu alors fonder en avril 1982, l'association de sauvegarde des pays du Buech et des Baronnies, tout en donnant une part importante à Saint André de Rosans. Il accepta d'être le Président, . Lui-même, désormais fait partie de notre passé et constitue une partie de notre héritage ».
Par ailleurs, jusqu'à son dernier jour, il a animé « les amis du Patrimoine de Lagrand ».
Enfin, c'est en 2001 qu'il eut cette idée particulièrement féconde de créer le groupe des anciens Maires des Hautes Alpes - GAMHA. Pour lui, l'application des vertus fondamentales du Maire que sont l'attachement au territoire communal, l'amour des gens, le sens de la démocratie républicaine, ne s'arrêtait pas avec la fin du mandat.
Dans l'amitié entre anciens élus, il fallait trouver de nouveaux points d'application. Après dix ans de fonctionnement, GAMHA a trouvé son rythme dans le pur respect des idées de son fondateur. C'est toutefois par un étrange signe du destin que la journée du 10ème anniversaire de l'association tombait le jour même des funérailles de son créateur.

Armand BARNIAUDY, à côté de son épouse, repose maintenant à l'entrée du petit cimetière du Prieuré de Lagrand, dont il nous disait lors d'une visite du village, qu'il en serait le portier pour l'éternité.
Tous les qualificatifs les plus louangeurs lui ont été donnés : convaincu, droit, loyal, rassembleur, visionnaire, manager, curieux, généreux, dévoué.
En fait tout simplement, à côté du noyer bientôt centenaire de la propriété BARNIAUDY, il reste un noyer immatériel qui manquera longtemps :
Un des grands hommes politiques hauts alpins du XXème siècle. Il était membre de la société d'études des Hautes Alpes depuis plusieurs années.




Armand BARNIAUDY      1926 - 2011
1926 - Naissance à Lagrand.
1944 - Engagement dans le maquis du Bueh
1945 - Engagement pour la durée de la Guerre dans la 1ère Armée du Général de LATTRE de TASSIGNY.
1953 - 2001 Huit mandats consécutifs de Maire de Lagrand.
1964 - 1969- Conseiller général du canton d'Orpierre.
1959 - 1967- Député de la 1ère circonscription des Hautes Alpes. Nombreuses missions de développement culturel à l'étranger. Développement de l'agriculture et du tourisme de montagne.
1946 - Fondateur et Président du centre départemental des jeunes agriculteurs.
1968 - 1972 Secrétaire général de la confédération nationale de l'espace rural. Créateur du premier village de vacances, membre du bureau national de la Fédération des gîtes de France.
1982 - Cofondateur de l'association de sauvegarde du patrimoine du Buech et des Baronnies.
1993 - Président de la commission départementale pour l'intercommunalité.
2001- Fondateur du Groupe des Anciens Maires des Hautes Alpes (GAMHA)
  Décédé à Lagrand le 9 juillet 2011.
Chevalier de l'Ordre national du Mérite.
Médaille d'Or du tourisme.
Médaille d'honneur « grand or » départementale et communale.